Coup de Foudre [Pv Hénoutsen]

L'humain répondit à ma question, de manière correcte mais imprécise... Il n'avait peut-être pas tout à fait compris ce que j'attendais mais, dans le fond, je ne pouvais pas trop l'en blâmer...

- C'est juste mais, pour être plus exact, tu aurais simplement pu dire que ces objets appartenaient au domaine religieux, répondis-je en refermant le coffret, que je déposai à côté de la table basse. « Vois-tu, Aster, dans l'Antiquité, les nations ne s'entre-déchiraient pas pour des questions de religion. Les rois et empereurs partaient en guerre pour s'enrichir, pour étendre leurs terres ou, tout simplement, pour des questions de vengeance. Mais on n'envoyait pas des troupes massives s'entretuer parce que le pays d'en face ne priait pas de la même façon. Hélas, depuis l'avènement des grandes religions monothéistes au sein de ton monde, ces conflits idéologiques sont devenus monnaie courante. Et il serait bien utopique de croire que, lorsqu'un fanatique religieux débarque à Eviala, il acceptera bien gentiment de perdre cette vilaine habitude.

Je me relevai en soupirant et me dirigeai vers le balcon, invitant Aster à me suivre. Contemplant ma ville, plus loin en contrebas, je m'appuyai sur la rambarde en tournant la tête pour garder le Surfacien dans mon champ de vision. « Le problème de ces gens, c'est qu'ils sont violents. Violents et stupides, un mélange extrêmement dangereux. Ma première rencontre avec de tels individus remonte à... Quatre, cinq siècles en arrière, je dirais, fis-je en fermant un œil pour me tenter de me remémorer la date exacte. « Ils étaient dix. Comme toi, je les ai accueillis dans mon palais et leur ai fait prendre de ces herbes magiques pour qu'ils puissent me comprendre, car ils ne semblaient pas parler égyptien. Mais lorsque je leur ai dit que j'étais la fille d'un dieu ancien et quelles religions étaient pratiquées ici, ils ont semblé devenir fous... Ils ont hurlé à l'hérésie et deux d'entre eux se sont jetés sur moi tandis que les autres se mettaient à tout saccager et à réciter des prières au nom de leur "Seigneur Jésus-Christ". Heureusement, nous étions en plein jour et j'ai pu me chauffer à blanc pour brûler ceux qui étaient en train de me frapper et les obliger à me lâcher. J'allais me contenter de faire jeter ces dangereux malades en prison mais, lorsque j'en ai vu trois jeter au sol la gravure nous représentant mon père, ma mère et moi enfant, la briser et la piétiner en continuant de crier au blasphème... Je ne l'ai pas supporté et je les ai tous réduits en cendres. Malheureusement, ce n'était qu'un début...

Je soupirai derechef. C'était un pénible souvenir... Je m'assis au sol, le dos contre l'un des courts piliers supportant la rambarde. Levant les yeux vers Aster, je repris.

- Cinquante ans plus tard, ce furent des hommes au teint sombre et arborant des turbans qui débarquèrent ici, à Atoum-Akbar. Je devais apprendre plus tard, à mes dépens, qu'il s'agissait d'extrémistes islamistes. contrairement aux précédents, ceux-là ne prirent même pas le temps de consommer les herbes ou même de venir me voir... Non, ils se contentèrent de bricoler un engin explosif à l'aide des connaissances qu'ils avaient héritées de leur monde, et de le balancer dans l'ancien temple d'Anubis, tuant ainsi plusieurs prêtres et prêtresses en pleine prière. Ils n'étaient que cinq, aussi la garde de la ville eut-elle vite fait de les arrêter et, pour un tel crime, ils eurent tous la tête tranchée le lendemain à l'aube.

Je ramenai mes genoux contre ma poitrine, appuyai mes bras dessus et posai mon menton sur mes coudes. « Et l'histoire des cinq derniers siècles evialans regorge de telles histoires, que ça soit en Olympie, en Jupitérie ou bien ici, en Nounédie. Si tu le veux, je possède des livres relatant ces faits et je pourrai même te raconter, un jour, comment de tels fanatiques arrivés en nombre ont pris d'assaut mon palais par une nuit noire, durant laquelle j'ai moi-même guidé la résistance aux côtés de la garde et de mes soldats. Mais pour l'heure, excuse-moi, je n'ai vraiment plus envie de parler de ça !

Un nouveau soupir las sortit d'entre mes lèvres... Rien n'est plus pénible, pour la souveraine aimante que je suis, que de devoir faire face à des actes de terrorisme au sein de ma ville bien-aimée. Les dieux sont des protecteurs sacrés... Comment peut-on oser tuer et asservir en leur nom ? C'est ça, le véritable blasphème !

Je souris à Aster et je pris dans mes mains son petit soleil pâle. « Moi non plus, personne n'a jamais réussi à m'assassiner... Pour la simple et bonne raison que quelle que soit la gravité des blessures que l'on m'inflige, les plaies se referment toujours instantanément et je me relève dans les minutes qui suivent. Mais... Se faire égorger, poignarder ou mutiler, même si c'est temporaire, tu peux me croire, ça fait très mal ! répondis-je en amenant le soleil au niveau de mon visage. J'ouvris alors grande la gueule et avalai cet orbe de lumière, ce qui eut pour conséquence d'illuminer mes yeux et de diffuser dans tout mon corps une chaleur et une impression de force similaires à ce que je ressentais en chargeant mes pouvoirs dans le but de délivrer une rafale puissante ! Je me relevai, me tournai vers la ville et, tendant un bras vers le ciel, je tirai un rayon d'énergie solaire qui traversa les nuages crépusculaires en claquant comme un coup de tonnerre. Satisfaite, je baissai le regard vers Aster.

- Je n'ai aucune raison de craindre les assassins. Aucune, à part la souffrance. Je me suis encore faite poignarder il y a trois nuits et seule l'intervention de mon garde du corps m'a permis d'échapper au viol... Oui, tes petits soleils me seront vraiment d'une grande aide dans le cas d'une attaque nocturne !

Je pris la main d'Aster dans la mienne et incitai le jeune homme à se relever. Un petit sourire naquit sur mon visage et je pris le Surfacien par les épaules.

- Mais, pour que tu puisses les générer et que je puisse, moi, en absorber à temps l'énergie... Il faudrait que tu dormes dans le même lit que moi ! Penses-tu être digne d'un tel privilège ? lui demandai-je sans me départir de mon sourire narquois.

Je disais ça pour le taquiner mais cela n'était pas entièrement faux : à moins que je n'absorbe l'un de ces petits soleils et que je garde en moi son énergie pour la nuit (chose que je suis incapable de faire avec le rayonnement du vrai soleil), j'aurai en effet besoin de la présence d'Aster à mes côtés, dans mon lit ou, tout du moins, dans ma chambre. Néanmoins, je doutais fortement qu'une telle perspective déplaise au Surfacien qui, manifestement, ne m'était pas insensible.

L'humain se retourna en prétextant vouloir respecter mon intimité afin que je puisse me changer. En effet, j'avais besoin de changer de tenue... Mais s'il s'attendait à me voir en nuisette, il se trompait. Je décidai de ne rien lui dire, préférant voir le moment venu quelle serait sa réaction.
Je me dirigeai vers un coffre situé à quelques mètres de moi, l'ouvris et en sortis successivement un pagne similaire à celui que je portais, mais noir et orné d'une ceinture d'or. Un haut destiné à couvrir juste ma poitrine, composé d'une étoffe noire également, d'ornements dorés (dont un disque solaire fort détaillé) et d'épaulières richement décorées rejoignit ce pagne sur le sol et un casque d'or évoquant un crâne de chacal coiffé tel un pharaon les accompagna. Je détachai alors mes cheveux, les laissant pendre dans mon dos, et je me déshabillai entièrement pour passer ces nouveux habits. Lorsque ce fut chose faite, je revins vers mon lit et récupérai mon khépesh, que j'accrochai à ma taille. Aster avait sans doute dû oublier que je devais maintenant aller m'entraîner au combat avec Caleb, un évènement auquel assistait nombre des personnages importants de mon palais. Cette tenue guerrière que j'arborais devait sans nul doute me donner l'air d'une divinité de la mort... Mais cela faisait partie intégrante du spectacle !

- Aster ! lançai-je à l'humain qui me tournait toujours le dos.

J'avais envie qu'il me voie dans ces vêtements plus sombre... Je voulais voir quelle tête il ferait en me découvrant sous un jour radicalement différent que celui qu'il avait pu voir depuis notre rencontre il y a une heure à peine. Certes, j'étais effrayante... Mais une souveraine doit savoir protéger son peuple. Et un ennemi terrorisé par son adversaire sera bien plus facile à défaire qu'un ennemi sûr de lui.

[HRP : Je suis vraiment désolé de t'avoir fait attendre si longtemps ! Mais j'avais vraiment aucune inspiration, ces derniers jours... Ah, et au fait; des fours sommaires existaient déjà dans la Haute-Antiquité, Hénoutsen sait donc certainement ce que c'est !]

Aster n'était pas le premier Surfacien à se plaindre de la chaleur torride qui régnait sur ces terres. Et je comprenais fort bien son sentiment, même si je n'avais jamais souffert de ce même problème.

- Il se pourrait que j'aie une solution à ton problème mais je t'en parlerai plus tard... Pour l'heure, je ne voudrais pas faire attendre Caleb, ni mes sujets venus assister au spectacle ! répondis-je Et posant ma main gauche sur le pommeau de mon arme afin d'éviter qu'elle se balance lorsque je marcherai.

Nous sortîmes donc de ma chambre, gardes et esclaves s'écartant sur notre passage en me regardant d'un air apeuré dont je ne pouvais pas leur tenir rigueur... Nous sortîmes du palais et arrivâmes dans les ruines d'un bâtiment datant des premiers siècles de la civilisation Egyptienne d'Eviala, une ancienne caserne militaire réaménagée en terrain d'entraînement au combat et disposant d'une vaste cour encadrée de piliers pour la plupart abattus. Les ruines du bâtiment, elles, avaient été partiellement changées en tribunes et je m'approchai de mon garde du corps d'élite, un gigantesque Minotaure des Sables.

- Maveris... Accompagne ce jeune homme dans la Tribune royale et laisse-le s'asseoir à la place habituellement occupée par Askhéper, dis-je en désignant Aster au géant cornu.

Askhéper faisait partie de mes conseillers mais une intoxication alimentaire l'avait cloué au lit pour les prochains jours. Il n'avait pas eu la patience d'attendre que notre goûteur fasse son office et avait donc consommé du poisson à la fraîcheur manifestement fort relative.

- Êtes-vous prête, ma reine ? demanda une voix derrière moi.

C'était Caleb... Vêtu de sa plus belle tenue de guerrier et armé de deux khépesh plus petits que les miens.

- J'arrive, Caleb... Va déjà m'attendre sur le terrain !

Le guerrier acquiesça et s'avança sur l'« arène » en levant ses armes sous les acclamations des spectateurs, qu'ils soient des hommes importants du palais, des membres de mon harem ou de simples esclaves, que j'autorisais à assister au spectacle pour peu qu'ils arrivent à se trouver une place. Avant de rejoindre mon garde et instructeur, je pris brièvement Aster par les épaules :

- Aster... Caleb ne retiendra pas ses coups lors de ce combat. Mais garde bien à l'esprit que je suis immortelle ! Aussi horribles que puissent être les blessures qu'il pourrait m'infliger, ne t'en fais pas pour moi, je me relèverai ! dis-je avant de laisser à Maveris le soin de guiser Aster vers sa place, dans la tribune ombragée réservée aux membres importants de mon palais.

[HRP (bis) : Lorsque tu répondras, évite de faire une ellipse rapide, laisse-moi le soin de décrire le combat, s'il-te-plaît ! ^^]